Pourquoi la boulimie n’est pas une maladie mais un REMÈDE – Ma guérison

12 Nov 2016 | Boulimie-Hyperphagie, Troubles alimentaires | 23 commentaires

Dans cet article j’aimerais vous parler de la bataille que j’ai menée face à mes crises d’hyperphagie et de la « méthode » grâce à laquelle je me suis débarrassée de mes crises de boulimie, notamment à l’aide de certaines explications du livre de Kathryn Hansen « Brain over Binge ».

Comme moi, Kathryn a souffert de boulimie et a eu de sérieuses crises d’hyperphagie pendant six ans.

Même si je ne suis pas (du tout) d’accord avec l’intégralité de sa méthode, comme elle mon expérience m’a confirmé que la boulimie n’est PAS utilisée en premier lieu pour « étouffer des besoins émotionnels profonds » et qu’elle n’est PAS une « maladie » contre laquelle il faut se battre et que nous n’avons pas besoin d’une longue « thérapie » pour nous en sortir.

Mes années de pratique m’ont montrées que les compulsions ne sont que des réponses normales et saines face à une RESTRICTION, physique ou mentale (oui car simplement culpabiliser de manger peut être perçu comme une restriction par le corps…)

J’aime beaucoup la partie dans laquelle l’auteure compare la boulimie à une réaction de notre cerveau  « animal » (instinct primitif de survie) en réponse à n’importe quel régime ou à n’importe quelle restriction que notre corps pourrait percevoir comme une menace, et je vais utiliser ses explications pour vous raconter mon histoire et ma guérison.

Je vais également vous expliquer pourquoi les différentes thérapies qui existent aujourd’hui ne s’adressent pas vraiment au problème de base et ne font que traiter les causes générées par ce manque de nutrition (problèmes émotionnels, affectifs, dépression, vision de soi déformée, etc.)

Et, pour finir, je vous partagerai l’extrait du livre qui a le plus résonné en moi, en espérant qu’il vous parle aussi…

Mon histoire de mangeuse compulsive (ou hyperphagique)

Mon trouble alimentaire a commencé en 2007 comme la plupart des troubles alimentaires, en voulant suivre un régime et certaines règles alimentaires et perdre du poids. J’ai commencé à diminuer doucement mes calories et à augmenter la quantité d’exercice physique que je faisais, jusqu’à ce que j’atteigne un poids relativement bas.

Durant cette période, mon appétit était un gros problème. Au plus je réduisais mes apports, au plus l’envie de manger s’intensifiait et m’obsédait, jusqu’à ce qu’en mars 2008, je perde le contrôle pour de bon et que j’ai ma première crise de boulimie.

J’étais loin de me douter à l’époque que je n’avais eu qu’une réponse biologique NATURELLE à une restriction alimentaire – mon corps et mon cerveau essayaient simplement de me protéger de la famine/de la restriction. Par une puissante réaction de SURVIE, mon cerveau m’avait poussé à avoir une compulsion.

Mais, à cette époque, je ne pouvais me rasseoir sans rien faire et accepter le gavage forcé que je venais de subir, donc, pour compenser, je faisais encore plus de sport, je diminuais mes portions au repas suivant et j’allais même jusqu’à jeûner parfois.

Mes compulsions alimentaires ont graduellement augmenté, jusqu’à ce qu’elles deviennent des habitudes qui consumaient ma vie.

Malgré de nombreuses thérapies et moultes tentatives de retour dans le « droit chemin », mes boulimies ont continué pendant plus ou moins 10 ans, jusqu’à ce que je trouve ENFIN un moyen de prendre l’entière responsabilité de mon problème.

Pourquoi les thérapies traditionnelles n’ont pas marché

Avant que je ne vous raconte comment je m’en suis sortie, j’ai besoin de vous expliquer pourquoi des années de thérapies ne m’ont PAS aidé.

Les thérapies traditionnelles permettent à beaucoup de personnes d’aller mieux et je n’essaie pas de vous dissuader d’en suivre.

Je vais juste expliquer pourquoi cela n’a pas marché POUR MOI et essayer d’offrir une alternative pour celles qui, comme moi, n’arrivent pas à s’en sortir (ou pour celles qui ne peuvent pas s’en offrir).

L’erreur commune à tous les traitements conventionnels que j’ai pu suivre est la suivante : on me disait que les compulsions n’avaient AUCUN rapport avec la nourriture.

On m’apprenait que la boulimie était le symptôme d’un problème « psychologique » causé par la dépression, l’anxiété, le manque de confiance en soi, les conflits familiaux ou les blessures du passé.

On m’apprenait que mes comportements alimentaires destructeurs étaient le signe d’un conflit émotionnel intérieur.

Les thérapeutes disaient que j’utilisais ma boulimie comme un mécanisme me permettant de faire face aux problèmes et aux sentiments que je ne pouvais supporter.

Ils disaient que mes compulsions alimentaires comblaient un manque dans ma vie, un vide ou un besoin important.

En thérapie, personne ne m’a dit que j’avais le pouvoir de quitter la boulimie à n’importe quel moment.

À la place de ça, on me disait que je n’aurais jamais vraiment de contrôle sur mon propre comportement tant que je ne réglerais pas « les causes émotionnelles sous-jacentes ».

Sauf que j’ai essayé de régler ces supposés « problèmes sous-jacents » pendant des années.

Je me suis lancée dans une quête personnelle en vue de découvrir qui j’étais, en espérant trouver la raison de mes crises.

J’espérais qu’en faisant des changements dans ma vie, qu’en soignant mes blessures du passé, qu’en construisant de nouvelles relations, cet incroyable besoin de me gaver s’en irait.

J’ai découvert plein de façons et de techniques différentes pour gérer les coups de blues, pour réduire l’anxiété et pour prendre davantage confiance en moi.

J’ai travaillé sur mon alimentation et combattu mon perfectionnisme. J’ai appris à gérer les évènements et les sentiments qui étaient censés déclencher mes crises de boulimie. J’ai essayé de comprendre quel but mes boulimies servaient dans ma vie.

Mais, malgré tout ça, je continuais à avoir des crises de boulimie.

Les thérapies n’ont pas marché parce qu’elles ne s’adressaient pas DIRECTEMENT au problème ; au lieu de ça, les thérapeutes essayaient de me soigner d’une manière approximative et complexe, en s’adressant à tous ces problèmes qui n’avaient pas vraiment de rapport avec mon réel problème, la boulimie.

En plus de ça, voir ma boulimie comme « un problème compliqué m’aidant à combler une sorte de vide émotionnel », me donnait de nombreuses excuses pour satisfaire mes habitudes et de nombreuses raisons de ne pas me responsabiliser vis-à-vis de mes propres agissements. Penser que mes boulimies me servaient à compenser mes coups de blues, mon anxiété, mes sentiments, mes problèmes, mes douleurs du passé, ou croire tout simplement que j’avais une « maladie », me donnait encore plus de raisons de continuer à manger autant.

Ce n’était pas ma faute après tout, regardez tout ce que j’avais vécu…

Je n’en veux pas à mes thérapeutes parce qu’après tout ils essayaient juste de m’aider et ont toujours été très à l’écoute. S’adresser aux causes sous-jacentes peut en aider certaines mais, pour ma part, cela n’a pas permis à mes crises de s’arrêter, et je sais que je ne suis pas la seule.

J’ai été capable de m’en sortir seulement lorsque j’ai commencé à voir mon trouble alimentaire différemment : en arrêtant définitivement de croire que je me goinfrais pour des raisons « plus profondes » et en changeant complètement la manière avec laquelle j’abordais mon « problème ».

J’ai guéri brusquement après avoir eu UNE RÉVÉLATION.

Je suis convaincue que je n’ai AUCUN risque de rechuter, même pendant les moments les plus stressants de ma vie. Mon combat quotidien avec la nourriture est fini ; la douleur causée par mes habitudes a disparu ; la souffrance de ces années de boulimie est partie.

Le soulagement que je ressens en réalisant que mon trouble alimentaire est derrière moi est indescriptible.

Pourtant, ma guérison n’a pas été typique. Elle ne comprenait PAS de plan alimentaire, PAS de développement personnel ou spirituel, et je n’ai PAS eu recours à l’hypnose, à l’illumination ou à un pouvoir supérieur.

Elle n’a PAS eu lieu grâce à une diminution de mon anxiété, une amélioration de ma vie, ou grâce à un nouveau médicament.

C’était seulement ma personne, armée d’un peu de savoir, qui a pu prendre le contrôle de ses propres agissements.

Je vais expliquer ci-dessous comment j’ai obtenu une guérison COMPLÈTE.

Comment je suis sortie de la boulimie

La chose la plus importante que j’ai dû comprendre pour guérir était qu’il n’y avait rien d’anormal chez moi.

Je n’étais PAS malade, ni souffrante psychologiquement ou émotionnellement.

J’étais juste devenue une victime temporaire de mon cerveau sain – un cerveau qui a simplement fait son travail pendant toutes ces années de boulimie. J’ai dû arrêter de voir ma boulimie comme le résultat de « problèmes émotionnels ou psychologiques sous-jacents« .

J’ai commencé à l’appréhender plutôt comme le résultat de quelque chose de vraiment réel et concret, qui se passait dans une tête parfaitement saine.

J’ai dû arrêter de croire que je me remplissais pour compenser des « problèmes plus profonds » ou des « émotions refoulées« .

Au lieu de ça, j’ai compris COMMENT mon cerveau me dictait mon comportement destructeur.

Mon cerveau dictait mes crises de boulimie en m’envoyant le besoin pressant de me goinfrer, ainsi que toutes les pensées, les sensations et les actes qui me menaient au réfrigérateur, au cellier ou au fast-food le plus proche.

Ces envies étaient les seules et uniques causes de toutes mes crises de boulimie, de la première à la dernière.

Si je n’avais pas ressenti le besoin de me goinfrer, je ne me serais jamais goinfrée, c’était aussi simple que ça.

Ces BESOINS de manger n’étaient la conséquence de rien du tout ; ils étaient le problème, les seules raisons de mes crises de boulimie.

Mais d’où venaient ces besoins ?

Ces besoins pressants étaient générés dans la région la plus primitive de mon cerveau, c’est-à-dire la région inférieure, chargée de la survie et des comportements automatiques.

Ma première crise d’hyperphagie est apparue quand j’étais au régime, suite à une une réaction de mon instinct de survie.

Sans le désir de vouloir contrôler mon poids et sans ce régime, je n’aurais jamais développé ce besoin de me goinfrer.

Je contrôlais mes prises alimentaires, mes calories, et je m’interdisais émotionnellement certains aliments, et cela ne plaisait pas à mon cerveau primitif.

J’ai commencé à être obsédée par la nourriture et à y penser constamment à ce moment-là, alors que, avant d’essayer de la contrôler, la nourriture n’avait jamais été un problème dans ma vie.

J’avais une faim et des envies intenses pour le type d’aliments que j’essayais à tout prix de limiter, et j’ai commencé à avoir envie de manger des quantités anormales de nourriture.

J’ai choisi de me mettre au régime à un âge où mon cerveau (plus particulièrement mon cerveau « animal ») était sensible à toute forme de RESTRICTION et de CONTRÔLE alimentaire, et, par une puissante réaction de survie, mon cerveau animal a commencé à m’envoyer d’intenses envies de nourriture.

Ces envies étaient seulement les réponses normales et saines d’un cerveau mis au régime et mes crises d’hyperphagie étaient une réponse « adaptative » permettant de compenser la restriction alimentaire.

Mes premières crises d’hyperphagie étaient ainsi simplement le résultat de mes instincts de survie.

Les crises d’hyperphagie et les compulsions alimentaires, sont des réponses automatiques, primitives et souvent puissantes, nous frappant lorsqu’un (ou plusieurs) de nos besoins biologiques basiques n’est pas remplis.

Quand le cerveau (notre cerveau animal en particulier) sent une menace à notre survie, il réagit automatiquement, en nous faisant agir pour nous protéger de nous-même.

Le cerveau animal est la partie du cerveau automatique, irréfléchie et irrationnelle, profondément enfouie sous le cortex cérébral (cerveau humain supérieur et rationnel).

Comme son nom l’indique, le cerveau animal dirige les comportements considérés comme « animal » et instinctifs.

Le cerveau animal interprète un régime comme une menace à sa survie, et va naturellement essayer de protéger le corps.

Même si le régime ne consiste pas en une restriction sévère et qu’il n’y a pas de danger de famine, se sous-alimenter est quand même contre-nature, et notre cerveau animal se rebellera car il ne connaît pas l’abondance qu’il est censé connaître.

Notre corps et notre cerveau passent en mode « survie » quand la nourriture est limitée.

Le métabolisme ralenti pour pouvoir utiliser de manière optimale chaque calorie, et toutes les fonctions du corps ralentissent pour conserver de l’énergie.

Le cerveau animal va se concentrer sur un but suprême : nous convaincre de manger.

Mes instincts de survie étaient pleinement actifs quand j’essayais de manger peu, et, plus je cherchais à restreindre mon alimentation, plus j’avais envie de manger.

C’était la façon par laquelle mon cerveau animal tentait de me protéger.

Comme à l’époque je ne comprenais pas mes instincts de survie, je pensais que j’étais folle d’avoir envie d’autant de nourriture.

Donc je planifiais précautionneusement mes repas et je faisais très attention d’éviter certains aliments et certaines situations qui m’auraient tentés.

Contrairement à ce que l’on m’avait fait croire en thérapie, contrôler mes prises alimentaires n’était pas une façon de contrôler ma vie ; c’était juste une façon de retenir mes instincts naturels de survie.

Il n’y avait RIEN d’anormal dans ces intenses envies de nourriture.

Mon cerveau animal faisait seulement SON TRAVAIL.

Les instincts de survie posent un problème bien plus grand chez les régimeurs réguliers et les anorexiques.

Priver le corps de nourriture pendant un long moment, ou essayer de maintenir un poids qui est en dessous de son poids naturel, titillera intensément ces instincts de survie ; et ce n’est qu’une question de temps avant que le cerveau prenne des mesures extrêmes.

En fait, la majorité des anorexiques deviennent des boulimiques quand leur corps se révolte.

J’ai réalisé que le but de mes premières crises de boulimie n’était pas si complexe. Mes besoins étaient PHYSIQUES. J’avais seulement besoin de nourriture, en grande quantité, pour compenser mon régime ; donc mon cerveau animal et sain me forçait à sur-manger.

Cette simple information m’a finalement apporté une réelle explication, une information qui avait enfin du sens à mes yeux.

Même avec ma personnalité perfectionniste, une faible confiance en moi et tous mes autres défauts, je n’avais PAS de crises de boulimie avant de commencer à limiter mes prises alimentaires.

J’étais la même avant de limiter mon alimentation.

J’avais les mêmes défauts et les mêmes problèmes (hormis ceux apportés par mes crises de boulimie).

Pourquoi j’ai continué à avoir des crises de boulimie ?

 Car je n’acceptais PAS mes crises de boulimie.

Je n’acceptais PAS mon appétit.

Au contraire, j’avais peur de prendre du poids, donc j’ai continué à faire « attention » à ce que je mangeais, à faire attention de ne pas « trop manger« , à faire du sport régulièrement, ce qui envoyait toujours un message de DANGER à mon cerveau animal.

Il m’a également été très bénéfique de légaliser tous les aliments sur lesquels j’avais des crises de boulimie, de les neutraliser, et d’apprendre à les manger sans culpabiliser.

Désormais ces aliments n’ont absolument plus aucun pouvoir sur moi et j’arrive à m’arrêter de manger FACILEMENT.

MON PASSAGE PRÉFÉRÉ DU LIVRE « Brain over Binge«  :

« Ma dernière crise de boulimie s’est déroulée de cette manière… Je me suis approchée du réfrigérateur et j’ai commencé à manger mais quelque chose était différent. Manger n’était plus excitant. La nourriture n’était pas autant goûtue. Je ne mangeais pas aussi vite que dans mes compulsions passées, et l’acte n’était pas autant plaisant. Je me suis arrêtée car ce n’était simplement plus la même chose.

Je ne sais pas vraiment pourquoi c’était différent, mais je crois que, dans mes anciennes compulsions, mon « moi » (mon cerveau humain) était séparé de mon cerveau animal et, aujourd’hui, la « compulsion » venait de ma propre volonté ; je savais que c’était un choix volontaire et je sentais que cette fois j’étais aux commandes

Cette dernière crise de boulimie était différente car l’action de me nourrir n’était pas irréfléchie. Je savais que chaque bouchée venait de ma propre volonté, et j’ai découvert que je n’en avais simplement plus envie.

Cette dernière crise m’a apporté quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis des années : je ne voulais simplement pas manger compulsivement, mais quelque chose me poussait à le faire, sans avoir le moindre contrôle.

Depuis ce moment, il m’a été impossible de manger à nouveau compulsivement. »

Vous voulez normaliser vos comportements alimentaires ?